L'aïkido

Le mot AÏKIDO se décompose en 3 idéogrammes, appelés aussi kanji en japonais:


  AÏ = union, harmonie, coordination;


  KI = énergie;


  DO = la voie, l’étude, la recherche.


L’aïkido est un art martial pouvant se traduire par l’étude et la recherche de la coordination mentale et physique de l’énergie.


C’est une merveilleuse discipline née de la synthèse d’arts martiaux ancestraux et de mouvements de self-défense dérivés des techniques de combat au sabre et à la lance, réalisée par l'un des plus grands maîtres du Budo - Maître Morihei Ueshiba - dont le principe fondamental consiste à neutraliser les intentions agressives d'un adversaire, sans le détruire.


L'essence de l'aïkido est d'opposer le vide face à l'attaque d'un adversaire.

Un autre principe complémentaire consiste à utiliser le mouvement de l'adversaire dans le même sens, à l'amplifier et à le retourner ensuite contre lui-même.

Ainsi, l’aïkido utilise essentiellement l’esquive, la non opposition à l’attaque et les déplacements.


Cet art martial de défense, non compétitif, se pratique debout ou à genoux, à mains nues ou avec des armes.

La plupart des techniques réalisables à main nues, le sont aussi avec les armes.

Nous utilisons donc le bâton (jo), le sabre en bois (bokken), le sabre japonais (katana) mais aussi le couteau en métal ou en bois (tanto).


Le pratiquant exécute des techniques de projections ou d’immobilisations pouvant être accompagnées d’atémis (coups de poings ou de pieds simulés) qui n'ont pour but que de créer des réactions chez l'adversaire.


Ces techniques sont réalisées sur un ou plusieurs partenaires, voire seul sous forme de mouvements codifiés représentant un combat (katas).


La fluidité et l’harmonie des mouvements, basés principalement sur des cercles ou des spirales, apportent une qualité esthétique qui ne diminue en rien l’efficacité de l’aïkido.


Les chutes sont souples, roulées et sont un moyen de défense pour celui qui subit les techniques.


La pratique de l'aïkido, qui n’est ni dangereuse, ni brutale, convient aux jeunes et aux adultes de tous les âges et développe à la fois les qualités physiques (synchronisation et précision du geste) et morales (confiance en soi, sérénité, respect de l’autre, persévérance...) tout en privilégiant les notions d’équilibre, de centrage et de vigilance.

Le fondateur O Sensei Morihei Ueshiba

De sa naissance à son engagement dans l'armée:

Maître Morihei Ueshiba naquit le 14 décembre 1883 dans la ville portuaire de Tanabe.
Chétif et de nature inquiète, il fut attiré très tôt par le monde de l’esprit. Son père, Yoroku Ueshiba, l’orienta vers des activités physiques afin d'équilibrer cette tendance et surmonter sa constitution fragile.
Peu de temps après avoir terminé ses études, il travailla à l’office des impôts de Tanabe mais finit par démissionner en 1902.
Il partit alors à Tokyo pour se lancer dans le commerce mais rapidemment, après être tombé malade, il regagna Tanabe.

Ce fut lors de ce bref passage à Tokyo qu’il étudia vraiment les Arts Martiaux et développa sa maîtrise du combat en pratiquant le Ju-Jutsu de l'Institut Kito et le Ken-Jutsu de la secte Shinkage.
En 1903, épris d’aventures, il s’enrôla dans l'armée à Osaka. Très vite, on le surnomma «le Dieu des Soldats» en référence, entre autres, à son habileté au Juken-Jutsu (combat à la baïonnette) et revint avec le grade de sergent pour sa conduite exemplaire au front de la guerre russo-japonaise.
Parallèlement, il s’initia à l’art du sabre, à Sakai, sous la direction de Maître Masakatsu Nakai de l'Ecole Yagyu.

De l’émigration vers l’île de Hokkaido à sa rencontre avec Maître Sokaku Takeda:

Libéré de l’armée en 1907, il rentra à Tanabe pour se consacrer à la ferme familiale et s’exerça au Judo durant quelques temps avec Kiyoichi Tagaki, instructeur du Kodokan.
Le gouvernement japonais qui offrait des aides pour encourager le peuplement de l’île septentrionale de Hokkaido, influença le choix de Maître Ueshiba de s’expatrier vers ces terres vierges. Il rassembla un groupe d’un peu plus de 80 personnes et quittèrent tous Tanabe en mars 1912 pour se rendre dans le nord de l’île et y bâtir le village de Shirataki.
Dirigeant avec succès et en dépit des difficultés l’implantation de la colonie, il rencontra en février 1915 son mentor martial, Sokaku Takeda, grand maître du Daito-Ryu Ju-Jutsu, qui lui enseigna les techniques secrètes de cette école. L'Ecole Daito influença le plus les techniques de l’actuel aïkido.

De la rencontre avec Onisaburo Deguchi à l’aventure en Mongolie:

En novembre 1919, il abandonna ses biens et l’Hokkaido pour rentrer précipitamment vers sa ville natale, au chevet de son père gravement malade. Cet événement malheureux l’entraîna à Ayabe vers sa plus importante rencontre, celle d’Onisaburo Deguchi, chef religieux d’une secte animiste et mystique en pleine expansion, l’Omoto-Kyo.
Eprouvé par la mort de son père, le 2 janvier 1920, il chercha à donner à sa vie une nouvelle orientation, une dimension plus spirituelle.
Proche de Deguchi, il ouvrit son «Académie Ueshiba» où il enseigna les arts martiaux aux membres de l’Omoto-Kyo. Par la suite, il développa une approche plus personnelle de sa pratique et nomma celle-ci, en 1922, Aïki-Bujutsu.
Le 13 février 1924, il accompagna Deguchi et d’autres disciples en Mandchourie puis en Mongolie, où s'affrontaient les armées chinoises et japonaises, avec l'intention d’y bâtir un Etat de la paix. Ils échouèrent dans leur tentative et furent prisonniers de l’armée chinoise. Cette désastreuse expédition permit à Ueshiba d’expérimenter la maîtrise et le sang froid acquis par la pratique des arts martiaux. Condamné à mort, le groupe ne dut son salut qu’à l’intervention du consulat japonais.

Du retour au Japon à son établissement à Tokyo:

De retour à Ayabe, il s’intéressa au So-Jutsu (technique de la lance) et poursuivit son entraînement au sabre et au ju-jutsu.
Après un duel avec un officier de marine, maître de Kendo, il prit conscience que la source du vrai Budo était l’amour de l’humanité : qu’il ne s’agissait pas de vaincre un adversaire par la force mais de garder la paix en ce monde, d’accepter et de favoriser l’épanouissement de tout être. C’est ainsi qu’il créa l’Aïki-Budo en 1925.
Le nom de Ueshiba et son art martial commencèrent à être connu et attirèrent de nouveaux adeptes issus de l’élite militaire et politique, l’amenant à se rendre dans la capitale à plusieurs reprises entre 1925 et 1927. Finalement, il prit la décision de s’établir définitivement à Tokyo afin d’y enseigner à plein temps.
Il rencontra Jigoro Kano, le créateur du judo, Maître du Kodokan, qui lui apporta aussitôt son soutien et fonda en avril 1931, dans le Wakamatsu-Cho, un dojo qui prit le nom de Kobukan.
Dans les années 30, il approfondit son étude du kendo. Devenant rapidement un maître réputé et très demandé, il enseigna dans différentes académies militaires et postes de police.

De l'établissement à Iwama à sa mort:

La fin des années 30 et les années 40 furent difficiles. Suite au conflit dans le Pacifique, l’activité du dojo Kobukan diminua et l’aïki-budo fut regroupé, en 1941, dans un organisme gouvernemental avec les autres arts martiaux. Paradoxalement, ce fut à cette période que le nom Aïkido devint connu de tous. Maître Ueshiba se retira en 1942 à Iwama, jusqu’à la fin de la guerre, où il se consacra à la méditation, la pratique solitaire et à l'agriculture. Dégagé de toute responsabilité à l’égard de l’organisation de l’aïkido, il commença la construction d’un temple dédié à l’aïkido.
Au lendemain de la guerre, en 1946, les Américains ayant interdit la pratique de tous les arts martiaux au Japon, le dojo Kobukan fut fermé jusqu'en 1948 et en 1954, il prit le titre officiel de « Fondation Aïkikaï ».
En raison de sa tendance pacifiste, l’aïkido fut le premier à recevoir l’autorisation de reprendre sa pratique.
Jusqu’en 1950, Maître Ueshiba continua à voyager à travers le Japon. Ce fut à cette époque que naquit vraiment la forme moderne de l’aïkido ; une forme plus douce et plus souple.
Enseignant et effectuant des démonstrations généralement en privé, il accepta en septembre 1956 de faire sa première démonstration en public, qui eut un énorme retentissement. Dès lors, le nombre des élèves ne fit qu’augmenter.
Vers la fin de sa vie, il laissa de plus en plus le soin de l’enseignement à ses meilleurs disciples qui établirent de nouveaux dojos au Japon ou émigrèrent à l’étranger.
Maître Ueshiba s’éteignit à Tokyo, le 26 avril 1969.

(Biographie extraite du livre BUDŌ de Morihei Ueshiba Ed. Budostore)

Les techniques

Principes de travail:


Les techniques sont effectuées alternativement par les deux partenaires.
Le rôle de celui qui réalise la technique (appelé tori) et de celui qui la subit (appelé uke) est toujours prédéterminé et d'égale importance.


Chaque pratiquant doit s'attacher à travailler avec le plus de partenaires possibles ; leurs diversités étant une des conditions indispensables pour acquérir de l'expérience.


Débutants et confirmés pratiquent ensembles afin de donner:


- aux premiers, les moyens d’assimiler correctement toutes les bases de la pratique et donc de progresser;


- aux seconds, l'occasion de se remettre en question en affrontant de nouvelles difficultés, de gagner en autonomie en s’occupant d'une personne moins avancée et donc d'évoluer.


Etude des techniques:


Tout l'art des techniques en aïkido repose, d’après Maître Ueshiba, sur le principe de réunion des énergies du geste de l'attaque et de celui de la défense.
Ces deux gestes harmonisés en un seul mouvement aboutissent à la possibilité d’avoir pour chaque situation un nombre illimité de réponses.


Cela suppose une éducation de l'esprit et bien évidemment du corps par l'apprentissage des bases avec tout ce qu'elles comportent de formes de corps, de déplacements, de mouvements auxquels vont s'ajouter des changements de rythme, de techniques proprement dites avec leurs enchaînements et leurs combinaisons.


Globalement, pour répondre à une saisie ou une attaque il faut arriver à associer et combiner des mouvements élémentaires.
Ces mouvements se décomposent en 4 étapes:


- 1ère étape = esquiver l'attaque d'un partenaire;


- 2ème étape = pratiquer sur le partenaire un déséquilibre;


- 3ème étape = exécuter la technique proprement dite;


- 4ème étape = contrôler son partenaire par une immobilisation ou le projeter.